Système colonial : la perpétuation par l’autorité administrative

Les administrateurs civils ne représentent ainsi qu’une infime partie d’un système, et leurs actes correspondent aux missions qui leur sont confiées aujourd’hui comme hier, selon le sacro-saint principe de la loyauté. Ils ne représentent, eux, que la partie visible de l’iceberg, la plus importante partie, celle qui fait couler le bateau Titanic et brise les rêves étant bien en place, à savoir le système.

Cameroun : la Constitution, modifiée pour le recul depuis 25 ans

Au niveau de la gouvernance, l’instauration de l’article 66 de la constitution sur la déclaration des biens a plutôt donné un coup d’accélérateur à la corruption au lieu de la freiner. Trois ans après l’adoption de cette loi, le Cameroun était classé premier pays au monde de la corruption pendant deux années consécutives. Les années suivantes ont confirmé ce classement. Aujourd’hui tout un gouvernement est en prison pour détournement des deniers publics, corruption et autres, les fonctionnaires sont devenus plus riches que les hommes d’affaires, la corruption en somme est devenu un mode de vie. Aucun gestionnaire de la fortune publique, aucun élu, aucun ministre, même pas le président de la république n’a jamais déclaré ses biens à la prise de fonction, et aucun n’est prêt à le faire.

Décentralisation : les administrateurs freinent des 4 fers

Dans un contexte de décentralisation, qui, de celui qui a été élu par les populations à la base pour implémenter le développement, et de celui, très lointain, nommé par le président de la république et connaissant très peu sur les réalités locales, devrait décider ? En réalité le problème ne se poserait pas si on laissait de côté le pouvoir pour se concentrer sur le bien-être des populations. C’est une question d’objectif et de vision. Elu ou nommé, si la vision est la même, il y aurait moins de frictions. Les autorités administratives, traditionnelles et municipales sont toutes au service du peuple, un même service. Et dans un même service, il n’y a pas obligation de s’aimer, mais il y a obligation de travailler ensemble

Figure : Paul-Bernard Kemayou, l’intérêt national au-dessus d’un trône

Depuis sa mort en octobre 1985, Paul-Bernard Kemayou n’a donc toujours pas eu d’obsèques dignes d’un chef d’abord, et d’un héros de sa stature. Plus grave, les populations restent à ce jour divisées sur le retour de la succession au trône à la lignée Kemayou, certains, ceux-là qui contribuent à enterrer la mémoire des héros nationaux, oublient qu’il avait été contraint de quitter la chefferie, son seul crime étant qu’il avait le Cameroun à cœur. Paul Bernard Kemayou qui a eu tous les honneurs en Guinée Conakry, est méconnu dans son pays, pire encore, dans son village, où le seul souvenir de lui semble être sa vielle voiture abandonnée à l’entrée du palais, si elle n’a pas encore été enlevée !

Cameroun : la carte nationale à la recherche de son identité

Mais en attendant, la police nationale devrait prendre ses responsabilités, mettre à profit les énergies, les génies et les agents sincères qui doivent bien exister dans le corps, pour mettre un terme au flou qui persiste dans le processus d’établissement des cartes, et qui sans doute profitent à certains. Comme disait le président Paul Biya concernant la crise anglophone, cette situation n’a que trop duré. En 26 ans que l’on parle de carte nationale d’identité informatisée, le Cameroun avec autant de génies, ne peut raisonnablement être encore en train de chercher la solution à la production sécurisée et fluide d’une pièce aussi importante que la carte nationale d’identité

Crise anglophone : les fonctionnaires jetés en pâture

« L’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’a que trop porté préjudice à notre pays », a également affirmé le président Paul Biya le 31 décembre 2020. N’est-t-il donc pas temps de dire : stop, on se calme, on dépose les armes et on discute ? Le président Paul Biya dit qu’un climat de terreur et d’insécurité reste entretenu dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, son gouvernement dit que tout va bien et somme les fonctionnaires de rentrer en poste, avec au bout des pleurs et du sang. Paul Biya avait marché sur des feuilles de palme pour entrer à Etoudi, sont gouvernement serait-il déterminé à lui faire marcher sur du sang pour sortir ?

Crise anglophone : un remake de la guerre contre l’Upc

Au-delà de ces faits quotidiens, force est de constater qu’au Cameroun, on est arrivé à une situation où on exulte après avoir ôté la vie à un être humain, on célèbre les tueries, les réseaux sociaux sont inondés par des images de barbarie, filmées et diffusées par toutes les parties. On vit sans le savoir, presque la même situation des années 50 et plus, où les soldats revenaient de la brousse avec des camions chargés de têtes humaines qu’ils déversaient sur les places publiques. Mais hier comme aujourd’hui, il s’agit des êtres humains. Comment est-on arrivé à désacraliser autant la vie humaine, et la mémoire collective, qu’en a-t-on fait ? La question continue d’être posée.

Discours à la nation : Noso, trois ans de surplace

Le champ lexical du président de la république ne rassure pas déjà, quand en trois discours de fin d’année le mot paix est prononcé seulement 10 fois, car comme le dit l’adage, de l’abondance du cœur, la bouche parle. Ce vocable et ses variantes devraient abonder dans ses discours. Il ne cesse d’évoquer des mesures prises, tout en reconnaissant lui-même qu’elles n’ont pas fait évoluer la situation. Pourquoi donc ne pas passer à autre chose ? Pour éviter la division du pays, de fortes propositions parlent de fédéralisme, sauf que le pouvoir de Yaoundé a horreur de ce mot comme de la peste, lequel mot n’est même pas apparu dans les trois derniers discours à la nation du chef de l’Etat. « L’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’a que trop porté préjudice à notre pays », a reconnu Paul Biya dans son dernier discours, alors n’est-il pas temps de cesser de tourner autour du pot, en mettant sur une table de discussion la forme de l’Etat, quitte à convaincre par la force de l’argument qu’elle ne doit pas être touchée. Une nouvelle année n’est-elle pas aussi synonyme de nouvelles méthodes ?

Figure : Woungly Massaga : le dernier Sg de l’Upc unie

Dans l’écriture, le Commandant Kissamba était resté attaché à l’ancienne orthographe du mot Kamerun, qui pour lui représentait toute une idéologie et incarnait le sens profond de la nation dont il rêvait. Il expliquait alors à l’entame de cet ouvrage « Cette orthographe datant de la colonisation allemande, a une signification profonde. Elle traduisait la revendication upéciste de « réunification et d’indépendance » à l’époque de la double tutelle coloniale française et britannique qui s’exerça sur le Kamerun de 1918 à 1960. La Constitution de 1972 a institué la « République unie du Cameroun », qui n’est rien d’autre que la traduction juridique de l’annexion du « Cameroun occidental », riche en pétrole, par le capitalisme français fortement implanté au « Cameroun oriental ». L’orthographe KAMERUN utilisé par l’Upc traduit donc la revendication d’une unité réelle du pays, sur la base de l’unité géographique et de l’autodétermination de toutes les populations, de l’Ouest comme de l’Est du pays »

Institutions démocratiques : la carte politique se redessine

Au niveau local également, il n’est pas certains que le parti aura les coudées franches pour implémenter sa politique sociale et participer au développement. Les instances comme la mairie et le conseil régional restent chapeautées par une tutelle administrative venue du pouvoir central, donc du Rdpc, qui n’a pas intérêt, sur le plan politique, à ce que l’Undp gagne davantage de terrain. D’où la rudesse du combat qui attend le parti qui, s’il ne fait pas attention et met plus d’ingéniosité, pourra se rendre compte très vite que sans aucun statut officiel qui consacre le leader de l’opposition, cette position reste une coquille vide sous le renouveau, tous juste bonne à assurer le confort à quelques élus, mais ne garantissant rien dans la durée. L’erreur serait de dormir sur ses lauriers en se disant qu’on est la deuxième force politique, on pourra se réveiller trop tard, car en politique, la campagne pour les prochaines élections commence toujours dès que les autres sont achevées