Institutions : le sénat pour la dépense

Le Cameroun a élu le 12 mars les membres du sénat pour leur troisième législature. Déjà en 10 ans cette chambre du parlement a consommé 167 milliards du budget de l’Etat, sans que l’on ne sache toujours pas à quoi elle sert pour le bien être du citoyen lambda

Les membres du sénat camerounais pour la 3eme législature de cette chambre ont été élus le 12 mars 2023 sur l’ensemble du territoire. Le Sénat est la Chambre haute du parlement Camerounais, instituée dans la constitution de 1996, et mise en place en 2013, soit 17 ans plus tard. Bien plus loin en arrière, l’histoire du parlement camerounais date du 22 décembre 1946 quand voit le jour l’Assemblée Représentative du Cameroun (Arcam) en application de la loi française du 7 octobre 1946 instituant des Assemblée Représentatives dans les colonies françaises. L’Arcam composée de 40 membres dont 24 Camerounais et 16 Français, s’est successivement transformée en Assemblée Territoriale du Cameroun (Atcam) le 30 mars 1952, puis en Assemblée Législative du Cameroun (Alcam) le 10 mai 1957 et, le 10 avril 1960, en Assemblée Nationale. Le Cameroun a donc fonctionné de 1946 à 2013, soit 67 ans sans sénat. Même inscrite dans la constitution en 1996, elle a encore mis 17 ans à être mise en place, et depuis 10 ans déjà qu’elle fonctionne, l’impact sur l’évolution de la vie politique nationale reste invisible, mais l’impact sur le budget de l’Etat est net : 167 milliards de francs cfa en 9 ans. La première fois que le sénat est pris en compte dans le budget c’est en 2014. La ligne 53 lui est consacrée avec une première enveloppe de 15 milliards 200 millions, justifiée par l’objectif d’« améliorer la qualité des lois votées, veiller au développement équilibré des collectivités territoriales décentralisées et appuyer la mise en œuvre des programmes institutionnels ». Cette enveloppe a été plus ou moins la même dans les années suivantes, et connaît une hausse d’un milliard de franc cfa pour l’exercice 2023, justifiée par le déménagement pour occuper ses locaux et la volonté des sénateurs de descendre désormais sur le terrain, d’après le sénateur Otte Andrew Mofa repris par Ecomatin. En dehors de ces fonds publics grignotés en silence depuis 10 ans, alors que les hôpitaux manquent de plus en plus de plateaux techniques et que les routes nationales se dégradent à vue, le Camerounais lambda se pose toujours la question de savoir à quoi sert cette institution dont on n’entend parler que lors des ouvertures des sessions. L’autre rôle qui lui est attribué selon les textes, c’est que le président du Sénat est la deuxième personnalité du pays, celui qui remplace le président de la république en cas de vacance du pouvoir. Encore faut-il que cette vacance du pouvoir soit constatée. En résumé, avec l’exercice budgétaire 2023, cela fera 183 milliards de francs cfa que le sénat aura consommés sur le budget du Cameroun en 10 ans, sans résultat.
Les 183 milliards déjà engloutis par le sénat camerounais auraient offert au pays et au même coût 6 centrales solaires avec les mêmes caractéristiques, et même en intégrant le fait que tout est surfacturé au Cameroun et que la même centrale aurait coûté 50 milliards, le pays aurait au moins trois centrales pareilles, soit 480 000 ménages électrifiés. Ces fonds pouvaient aussi servir à améliorer l’offre en eau potable.
Economie
Depuis des années que le Cameroun avait fonctionné sans cette chambre, on ne peut pas dire qu’il a perdu quelque chose. C’est plutôt avec sa mise sur place que le pays perd de l’argent qui sert plus à entretenir les hommes et femmes usées par l’âge et le temps. L’inutilité de cette chambre pour les nations africaines de culture francophone, ne se discute plus, et certains chef d’Etat en ont pris conscience et fait de cette chambre ce qu’elle devrait être, à savoir être dissoute. Le 19 septembre 2012, les parlementaires sénégalais réunis en congrès ont eux-mêmes voté pour la dissolution du sénat, approuvant ainsi un projet de loi introduit par le gouvernement du président Macky Sall. Selon ce dernier, les économies de près de 8 milliards de franc cfa par an conséquente à cette dissolution devraient permettre dans l’urgence de lutter contre les inondations, à travers le projet de gestion des eaux pluviales. Cette suppression n’a pas manqué de faire des mécontents, au vu des privilèges que le titre de sénateur confère, mais 4 ans plus tard, les résultats se faisaient déjà voir. Le 25 octobre 2016, le Sénégal inaugurait sa politique de mix énergétique qui visait à introduire 20% d’énergies renouvelables dans les capacités nationales de production avant 2017. La centrale solaire photovoltaïque (d’une capacité de 20 mégawatts) de Bokhol baptisée Senergy 2, avait été mise en service. Avec ses 77 000 panneaux solaires installés sur 50 hectares, elle était présentée comme étant la première du genre et la plus grande centrale solaire en activité en Afrique de l’Ouest, et était conçue pour alimenter 160 000 ménages en électricité. A l’occasion, Macky Sall avait réitéré : « J’ai supprimé le sénat et j’ai utilisé les fonds alloués à cette institution pour construire cette centrale car mon peuple a plus besoin d’électricité que de sénateurs qui ne servent à rien ! »
Reconversion des fonds
La centrale avait coûté 27 milliards de francs cfa. Les 183 milliards déjà engloutis par le sénat camerounais auraient offert au pays et au même coût 6 centrales solaires avec les mêmes caractéristiques, et même en intégrant le fait que tout est surfacturé au Cameroun et que la même centrale aurait coûté 50 milliards, le pays aurait au moins trois centrales pareilles, soit 480 000 ménages électrifiés. Ces fonds pouvaient aussi servir à améliorer l’offre en eau potable. Avec 5000 000 de francs cfa les points d’eau sont aménagés dans des villages et même en ville, 183 milliards équivalent à 36 600 points d’eau, ce qui fait 101 points d’eau dans chaque arrondissement du Cameroun, c’est-à-dire de l’eau pour presque tout le monde. Ce montant peut également être converti en salles de classes, en lits d’hôpitaux, en salaires des enseignants ou des infirmiers vacataires, en kilomètres de route rurales ouvertes et entretenues, en usines de transformation d’une ressource naturelle, en hectares de champ de culture du riz, du manioc ou de la patate douce, en fermes piscicoles ou avicoles, en quelques avions pour la compagnie aérienne nationale Camairco invisible dans ses propres aéroports, pour ne citer que quelques secteurs. Et on pourrait ajouter à ce montant ce qui est distribué pour la campagne électorale, et dont les chiffres restent secrets. Le Cameroun tend la main aux partenaires et aux institutions financières internationales tous les jours pour demander des prêts, et multiplie en interne des postes de dépenses inutiles à la nation, qui ne servent qu’à engraisser et entretenir la clique politicienne.
Roland TSAPI
Ils ont englouti 167 milliards en 9 ans d’existence. Pour faire quoi ???????
Gros n’importe quoi cette institution