Diaspora : un capital sous exploité

« Si l’on pouvait convaincre un membre de la diaspora sur dix d’investir 1 000 dollars dans son pays d’origine, l’Afrique collecterait ainsi 3 milliards de dollars par an pour financer le développement. » La condition est là, convaincre les membres de la diaspora. Et comment les convaincre, sinon en améliorant la gouvernance dans l’ensemble, en instaurant un climat de confiance avec une administration moins corrompue, une justice saine, en reformatant le cerveau fonctionnaire pour qu’il ne voit plus en un membre de la diaspora une vache à lait qu’il faut traire à souhait avec l’expression « ou est ma part », mais un investisseur qu’il faut encadrer et encourager, pour qu’il créée de la richesse indispensable aux familles, et à la nation. En attendant, la diaspora camerounaise reste un capital sous exploité, à cause essentiellement des égoïsmes individuels des fonctionnaires et membres du gouvernement en panne de vision qui ne voient pas souvent plus loin que le bout de leur nez ou le bas de leurs ventres

Figure : Alphonse Beni et le cinéma camerounais

Dans l’œuvre théâtrale de Jacques Fame Ndongo « Ils ont mangé mon fils » que Alphone Beni a décidé de porter à l’écran, la confrérie des sorciers est une secte solidaire dont l’objectif principal est de nuire. Cette confrérie dont fait partie le père de Jean signe un pacte s’organisant autour d’une cotisation humaine, ce que Joseph Abanda appelle « le cannibalisme sorcier ». Il est question de sacrifier régulièrement l’un des enfants du membre de l’association par rotation. Dans ce faisceau de croyances reçues de l’omniprésence d’une tradition rigide, l’intelligence se trouve prisonnière de l’obscurantisme ; le sens de la créativité est complètement annihilé et les efforts sociaux et collectifs sont pris au piège de l’envoûtement possible. De quoi s’interroger sur la puissance de la sorcellerie africaine. Ces sorciers, sont-ils des génies ? Que serait l’Afrique si ces connaissances ésotériques étaient exploitées positivement pour le développement scientifique et technologique de l’Afrique ? La trame de l’histoire est donc de démystifier, sensibiliser et éveiller la conscience publique. La réalisation de ce film a été la dernière signature de Alphone Beni, qui s’est éteint le 12 mars 2023 à l’âge de 77 ans, des suites de maladie.

Politique : le business au nom du peuple

Après Paul Biya, Fru Ndi, Bello Bouba, qui ont déjà été compris comme dit l’artiste, Maurice Kamto semble hésitant sur les bords, Cabral Libi’i s’est empressé de sécuriser une vie à l’abri du besoin pour ne plus avoir faim comme il le dit dans une vidéo qui a circulé dans les réseaux sociaux. La question se pose dès lors de savoir si les Camerounais ne sont pas dans un cycle infernal, un éternel recommencement entre les mains de vendeurs d’illusions qui se présentent avec le temps sous diverses facettes, mais avec le même objectif : faire leur business, avec le nom du peuple ?

Politiques : ces hommes qui ont vendu l’illusion au Camerounais

Trois noms, trois trajectoires, la même déception pour le peuple. Avec Paul Biya le renouveau a vieilli, avec Fru Ndi, la souffrance n’est pas finie, avec Bello Bouba le pouvoir pour le peuple s’est éloigné. Ils se sont servi du peuple comme marche pieds pour atteindre leurs objectifs, se faire remarquer, gagner en notoriété pour s’éterniser au pouvoir pour l’un et mieux monter les enchères dans la négociation des prébendes pour les autres. Et ce peuple dans tout cela, abandonné à ses illusions. 2018 a vu l’entrée en scène de Maurice Kamto et Cabral Libi’i. Mais ces derniers seraient-ils sur la même voie, le sort du peuple est-il scellé ?

Institutions : le sénat pour la dépense

Les 183 milliards déjà engloutis par le sénat camerounais auraient offert au pays et au même coût 6 centrales solaires avec les mêmes caractéristiques, et même en intégrant le fait que tout est surfacturé au Cameroun et que la même centrale aurait coûté 50 milliards, le pays aurait au moins trois centrales pareilles, soit 480 000 ménages électrifiés. Ces fonds pouvaient aussi servir à améliorer l’offre en eau potable. Avec 5000 000 de francs cfa les points d’eau sont aménagés dans des villages et même en ville, 183 milliards équivalent à 36 600 points d’eau, ce qui fait 101 points d’eau dans chaque arrondissement du Cameroun, c’est-à-dire de l’eau pour presque tout le monde. Ce montant peut également être converti en salles de classes, en lits d’hôpitaux, en salaires des enseignants ou des infirmiers vacataires, en kilomètres de route rurales ouvertes et entretenues, en usines de transformation d’une ressource naturelle, en hectares de champ de culture du riz, du manioc ou de la patate douce, en fermes piscicoles ou avicoles, en quelques avions pour la compagnie aérienne nationale Camairco invisible dans ses propres aéroports, pour ne citer que quelques secteurs. Et on pourrait ajouter à ce montant ce qui est distribué pour la campagne électorale, et dont les chiffres restent secrets. Le Cameroun tend la main aux partenaires et aux institutions financières internationales tous les jours pour demander des prêts, et multiplie en interne des postes de dépenses inutiles à la nation, qui ne servent qu’à engraisser et entretenir la clique politicienne.

Transfert de technologie : la diaspora camerounaise indésirable au pays

Aujourd’hui encore les enfants nés et grandi à New-Bell, de parents Bangangté et Bafia, sont obligés de payer le visa pour entrer au Cameroun, du simple fait qu’ils sont allés s’installer ailleurs. Le père a fermé la porte quand l’enfant est sorti de la maison, et l’a même renié, alors qu’il est allé chercher de quoi manger et nourrir la famille. Il est même parfois parti sans rien demander, il a pris les chemins risqués du désert et de la mer, il a réussi et quand il revient, il doit payer pour entrer dans la maison, on prend même ce qu’il a apporté, mais on lui rappelle après qu’il n’est plus de la maison quand il émet l’envie d’entreprendre quelque chose. La bible parle de l’enfant prodige, celui-là qui a demandé à son père sa part d’héritage, est allé dans un pays lointain le dilapider dans les jeux, a été obligé de travailler comme esclave pour survivre, mais s’est souvenu que son père était assez riche et employait des gens qu’il payait plus que ce qu’il gagnait. Il décida de rentrer demander pardon à son père et travailler dans ses champs pour un salaire au besoin, mais quand il revint, son père le reçu en fête, joyeux que son fils soit revenu, oublia toute la fortune qu’il était allé dilapider et le réintégra dans la famille. Au Cameroun, l’enfant est parti sans rien prendre, il revient avec les mains pleines, prêt à aider, mais est refoulé à la porte. Malgré les discours, la diaspora camerounaise reste indésirable au pays, l’article 31 de la loi de 68 le prouve bien.

Figure : Rosa Parks et la résistance au racisme

À sa mort, le bus dans lequel Rosa Parks avait été arrêtée est drapé d’un linceul rouge et noir jusqu’aux obsèques officielles. Les premières places des bus de Montgomery restent vacantes jusqu’au jour de son enterrement, et sont recouvertes d’une photographie de Rosa Parks entourée d’un ruban noir portant l’inscription suivante : « La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s’est tenue debout en restant assise. » Dans son autobiographie publiée avec James Haskins en 1992 elle affirme : « Les gens ont répété à l’envi que je n’ai pas cédé ma place ce jour-là parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas particulièrement fatiguée physiquement, pas plus qu’un autre jour après une journée de travail. Je n’étais pas si vieille, bien qu’on m’imagine toujours comme une petite grand-mère. J’avais 42 ans. Mais s’il y avait bien une chose qui me fatiguait, c’était de courber l’échine. » Une cause bien noble que celles qui rythment les journées internationales de la femme, comme le combat pour l’égalité des sexes.

Genre : l’impossible égalité homme femme

Le combat pour l’égalité homme femme, quel que soit le moyen ou les instruments utilisés, comme l’innovation technologique dont on parle à l’occasion de la journée de la femme 2023, participe simplement du plan de déstructuration des sociétés bien établies, de déshumanisation de l’espèce humaine ou de déstabilisation de l’ordre divin et naturel des choses. A quelle fin, pourquoi la femme voudrait-elle être l’égale de l’homme alors que dieu a établi l’ordre des choses. Veut-elle que les rôles soient inversés dans le processus de procréation ? Toutes ces idées sont-elles l’œuvre de dieu ou du diable ? Quel bilan fait-on de cette lutte, si ce n’est la déstabilisation des familles à la base, et de la société plus globalement ? Ces question devraient se poser sans passion, car en observant la nature et les espèces vivantes qui peuplent la terre, on constate que chez les animaux par exemple, le problème de l’égalité des sexes ne s’est jamais posée, et ils ne se portent pas plus mal, au contraire ils semblent être plus que jamais en paix.

Gestion publique : la république des scandales

la doyenne d’âge de l’Assemblée nationale ne croyait pas si bien dire en parlant de la république des scandales. Sauf que ces scandales résistent et se multiplient aussi à cause de l’inertie parlementaire. De tout ce qui est évoqué, qui représentent dans les faits pas grand-chose, l’Assemblée nationale, dont une mission capitale est le contrôle de l’action gouvernementale, n’a jamais mis sur pied une commission d’enquête parlementaire prévue par les textes. L’appel à la rectitude morale des gouvernants et des gestionnaires de la chose publique par la doyenne d’âge, fait simplement échos des multiples appels souvent lancés par le président Paul Biya lui-même, mais restés sans effet. Tant que l’Assemblée nationale ne pourra pas utiliser l’instrument de la commission d’enquête parlementaire pour rappeler les dirigeants à l’ordre, elle pourra toujours crier du haut du perchoir pour faire sensation, sans rien changer au vieil adage qui dit : « le chien aboie, la caravane passe.»

Affaire Martinez Zogo : les petits pas de la justice

Les voies désignées comme compétentes restent une fois de plus muette, laissant la rumeur ou ce qui est considérée comme telle, gagner du terrain. En attendant une communication officielle, le constat est que les enquêtes préliminaires n’ont pas encore permis de déterminer qui est le commanditaire de l’assassinat du journaliste, les faits retenus ont soigneusement évité le vocable assassinat ou meurtre. Se limitant à la filature, la torture et la complicité, tout se passe comme si le journaliste était encore vivant. Mais Martinez Zogo est bien mort, et le corps mutilé découvert en état de décomposition le 22 janvier, 5 jours après son enlèvement, repose bien à la morgue, en attendant que l’auteur de l’assassinat soit désigné. Les motifs retenus contre les inculpés sont déjà perçus au sein de l’opinion comme une volonté de noyer cette affaire d’assassinat, quand on sait qu’en comparaison avec d’autres affaires, des militants d’un parti politique ont souvent été placés en garde à vue par le même tribunal militaire et plus tard condamnés à des peines allant jusqu’à 7 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, alors qu’ils avaient été interpellés dans la rue ou à domicile pour avoir annoncé une manifestation publique.