Figure : Marthe Moumié, le mariage avec la lutte

Le corps sans vie de Marthe avait été retrouvé par un proche qui, après avoir frappé plusieurs fois à la porte sans succès, avait décidé de rentrer en l’enfonçant. Elle achevait ainsi dans les tribulations une vie de combat entamée dès l’âge de 16 ans auprès de Félix Moumié. Dans le documentaire sur la mort de son mari, elle finit en pleurs sur la tombe profanée à Conakry en ces termes « Ça c’est l’histoire du Cameroun, il faut que la jeunesse camerounaise voit ces choses-là, ils ne connaissent pas…On cache l’histoire aux jeunes, on cache tout ». Sa vie, elle l’avait sacrifiée pour les indépendances africaines, pour l’égalité et la justice. Elle symbolisait la femme africaine dans la quête de la dignité humaine et la restauration des valeurs propres à un peuple qui s’est vu tout prendre. Déjà meurtrie par les souffrances et les combats au cours desquelles elle avait perdu deux hommes de sa vie, l’ennemi invisible l’a pourchassée jusque dans sa chambre pour l’humilier. Un certain Eboutou Minla’a Franck interpellé par la police a avoué être l’auteur du forfait, et qu’il cherchait l’argent, sans plus. C’est la version que l’histoire retient encore, de la fin tragique de cette icône qui 14 ans après sa mort sombre dans l’oubli, comme il de coutume dans un pays où les héros sont des zéro.

Cameroun : les droits de l’homme en péril

Amnesty décrit un contexte caractérisé par les violences armées qui se sont poursuivies dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest entre les forces militaires et des groupes séparatistes armés, alors que le conflit armé a continué de faire rage dans la région de l’Extrême-Nord, où les groupes armés Boko Haram et État islamique en Afrique de l’Ouest étaient activement présents. En mai 2022, les populations de Tourou (département du
Mayo-Tsanaga) avaient organisé une manifestation devant la sous-préfecture de Mokolo pour dénoncer l’insécurité et réclamer davantage de protection de la part des autorités. Au 30 novembre 2022, le conflit armé avait obligé 385 000 personnes à quitter leur foyer dans la région de l’Extrême-Nord et, en
décembre, les violences armées avaient déplacé plus de 620 000 personnes dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, avec quelques 87 000 personnes réfugiées au
Nigeria

Cameroun : le Parlement cherche ses marques

En résumé, le Parlement camerounais est dans tous ses états en ce début de l’année 2023, ou plutôt cherche encore ses repères, après 77 ans d’existence. Alors que cet âge devait avoir permis à l’institution de se structurer solidement, d’huiler des mécanismes lui permettant un fonctionnement quasi automatique, elle balbutie encore. La chambre basse est sclérosée au sommet où un député s’est arrogé le titre foncier depuis 31 ans, elle est devenue une passoire des lois suicidaires pour les populations comme la loi des finances 2023 avec les prix des services administratifs revue à la hausse dans un contexte de lutte contre la vie chère, elle est également devenu une chambre dans laquelle on se bat pour entrer juste pour s’affubler le titre de « honorable » et bénéficier des avantages liés sans une préoccupation pour le peuple, elle est devenue aussi un gibier pour lequel les hommes à l’écharpe se déchirent pour avoir chacun son morceau en guise de poste occupé dans le bureaux ou dans les commissions. Et cela peut prendre toute une session de 30 jours sans que cela ne gêne personne, du moment où les frais de session sont payés. La chambre haute quant à elle, qui engloutit autour de 15 milliards chaque année des impôts du contribuable, ne fait pas mieux et n’est pas autre chose qu’une maison de retraite avec le nombre en moins par rapport à la chambre basse. Elle en est même à gaspiller temps et énergie pour mettre sur pied un bureau pour une durée de vie de 14 jours. Le Parlement camerounais, constitué des représentants du peuple et des représentants des collectivités territoriales décentralisées, tourne en rond et sans direction, alors que le pays est en situation d’urgence, et a plus que jamais besoin d’institutions fortes.

Assemblée nationale : les députés en permanence hors sujet

Selon des données du Fonds monétaire international, le Cameroun avait importé en 2021 pour 824 milliards de fcfa de pétrole et produits pétroliers contre 899 milliards de fcfa l’année précédente. Face à cette situation paradoxale et surtout préjudiciable pour les populations, leurs représentants que sont les députés ont la possibilité de poser des questions simples au gouvernement : qu’est ce qui empêche le Cameroun de transformer le pétrole qu’il produit et mettre à la disposition des populations à moindre coût les dérivés que sont l’essence, le gasoil et le pétrole lampant? Depuis mai 2019 que la Sonara, dont on annonçait la modernisation des équipements pour la transformation de la production locale avait subi un incendie loin d’être anodin, qu’est devenue l’enquête ouverte à ce sujet, et depuis bientôt 4 ans, qu’est ce qui bloque la reprise des travaux ? Est-ce le manque d’argent, alors que les lignes 94 et 65 du budget de l’Etat sont dilapidées à hauteur de 5000 milliards entre 2011 et 2021, ou est-ce le manque de volonté politique ? Tout cela, les députés ont la possibilité non seulement de le savoir, mais surtout de faire en sorte que les choses changent. Mais jusqu’ici ils sont en permanence… hors sujet.

Diaspora : un capital sous exploité

« Si l’on pouvait convaincre un membre de la diaspora sur dix d’investir 1 000 dollars dans son pays d’origine, l’Afrique collecterait ainsi 3 milliards de dollars par an pour financer le développement. » La condition est là, convaincre les membres de la diaspora. Et comment les convaincre, sinon en améliorant la gouvernance dans l’ensemble, en instaurant un climat de confiance avec une administration moins corrompue, une justice saine, en reformatant le cerveau fonctionnaire pour qu’il ne voit plus en un membre de la diaspora une vache à lait qu’il faut traire à souhait avec l’expression « ou est ma part », mais un investisseur qu’il faut encadrer et encourager, pour qu’il créée de la richesse indispensable aux familles, et à la nation. En attendant, la diaspora camerounaise reste un capital sous exploité, à cause essentiellement des égoïsmes individuels des fonctionnaires et membres du gouvernement en panne de vision qui ne voient pas souvent plus loin que le bout de leur nez ou le bas de leurs ventres

Figure : Alphonse Beni et le cinéma camerounais

Dans l’œuvre théâtrale de Jacques Fame Ndongo « Ils ont mangé mon fils » que Alphone Beni a décidé de porter à l’écran, la confrérie des sorciers est une secte solidaire dont l’objectif principal est de nuire. Cette confrérie dont fait partie le père de Jean signe un pacte s’organisant autour d’une cotisation humaine, ce que Joseph Abanda appelle « le cannibalisme sorcier ». Il est question de sacrifier régulièrement l’un des enfants du membre de l’association par rotation. Dans ce faisceau de croyances reçues de l’omniprésence d’une tradition rigide, l’intelligence se trouve prisonnière de l’obscurantisme ; le sens de la créativité est complètement annihilé et les efforts sociaux et collectifs sont pris au piège de l’envoûtement possible. De quoi s’interroger sur la puissance de la sorcellerie africaine. Ces sorciers, sont-ils des génies ? Que serait l’Afrique si ces connaissances ésotériques étaient exploitées positivement pour le développement scientifique et technologique de l’Afrique ? La trame de l’histoire est donc de démystifier, sensibiliser et éveiller la conscience publique. La réalisation de ce film a été la dernière signature de Alphone Beni, qui s’est éteint le 12 mars 2023 à l’âge de 77 ans, des suites de maladie.

Politique : le business au nom du peuple

Après Paul Biya, Fru Ndi, Bello Bouba, qui ont déjà été compris comme dit l’artiste, Maurice Kamto semble hésitant sur les bords, Cabral Libi’i s’est empressé de sécuriser une vie à l’abri du besoin pour ne plus avoir faim comme il le dit dans une vidéo qui a circulé dans les réseaux sociaux. La question se pose dès lors de savoir si les Camerounais ne sont pas dans un cycle infernal, un éternel recommencement entre les mains de vendeurs d’illusions qui se présentent avec le temps sous diverses facettes, mais avec le même objectif : faire leur business, avec le nom du peuple ?

Politiques : ces hommes qui ont vendu l’illusion au Camerounais

Trois noms, trois trajectoires, la même déception pour le peuple. Avec Paul Biya le renouveau a vieilli, avec Fru Ndi, la souffrance n’est pas finie, avec Bello Bouba le pouvoir pour le peuple s’est éloigné. Ils se sont servi du peuple comme marche pieds pour atteindre leurs objectifs, se faire remarquer, gagner en notoriété pour s’éterniser au pouvoir pour l’un et mieux monter les enchères dans la négociation des prébendes pour les autres. Et ce peuple dans tout cela, abandonné à ses illusions. 2018 a vu l’entrée en scène de Maurice Kamto et Cabral Libi’i. Mais ces derniers seraient-ils sur la même voie, le sort du peuple est-il scellé ?

Institutions : le sénat pour la dépense

Les 183 milliards déjà engloutis par le sénat camerounais auraient offert au pays et au même coût 6 centrales solaires avec les mêmes caractéristiques, et même en intégrant le fait que tout est surfacturé au Cameroun et que la même centrale aurait coûté 50 milliards, le pays aurait au moins trois centrales pareilles, soit 480 000 ménages électrifiés. Ces fonds pouvaient aussi servir à améliorer l’offre en eau potable. Avec 5000 000 de francs cfa les points d’eau sont aménagés dans des villages et même en ville, 183 milliards équivalent à 36 600 points d’eau, ce qui fait 101 points d’eau dans chaque arrondissement du Cameroun, c’est-à-dire de l’eau pour presque tout le monde. Ce montant peut également être converti en salles de classes, en lits d’hôpitaux, en salaires des enseignants ou des infirmiers vacataires, en kilomètres de route rurales ouvertes et entretenues, en usines de transformation d’une ressource naturelle, en hectares de champ de culture du riz, du manioc ou de la patate douce, en fermes piscicoles ou avicoles, en quelques avions pour la compagnie aérienne nationale Camairco invisible dans ses propres aéroports, pour ne citer que quelques secteurs. Et on pourrait ajouter à ce montant ce qui est distribué pour la campagne électorale, et dont les chiffres restent secrets. Le Cameroun tend la main aux partenaires et aux institutions financières internationales tous les jours pour demander des prêts, et multiplie en interne des postes de dépenses inutiles à la nation, qui ne servent qu’à engraisser et entretenir la clique politicienne.

Transfert de technologie : la diaspora camerounaise indésirable au pays

Aujourd’hui encore les enfants nés et grandi à New-Bell, de parents Bangangté et Bafia, sont obligés de payer le visa pour entrer au Cameroun, du simple fait qu’ils sont allés s’installer ailleurs. Le père a fermé la porte quand l’enfant est sorti de la maison, et l’a même renié, alors qu’il est allé chercher de quoi manger et nourrir la famille. Il est même parfois parti sans rien demander, il a pris les chemins risqués du désert et de la mer, il a réussi et quand il revient, il doit payer pour entrer dans la maison, on prend même ce qu’il a apporté, mais on lui rappelle après qu’il n’est plus de la maison quand il émet l’envie d’entreprendre quelque chose. La bible parle de l’enfant prodige, celui-là qui a demandé à son père sa part d’héritage, est allé dans un pays lointain le dilapider dans les jeux, a été obligé de travailler comme esclave pour survivre, mais s’est souvenu que son père était assez riche et employait des gens qu’il payait plus que ce qu’il gagnait. Il décida de rentrer demander pardon à son père et travailler dans ses champs pour un salaire au besoin, mais quand il revint, son père le reçu en fête, joyeux que son fils soit revenu, oublia toute la fortune qu’il était allé dilapider et le réintégra dans la famille. Au Cameroun, l’enfant est parti sans rien prendre, il revient avec les mains pleines, prêt à aider, mais est refoulé à la porte. Malgré les discours, la diaspora camerounaise reste indésirable au pays, l’article 31 de la loi de 68 le prouve bien.