Au désir d’être ensemble au moins lors des fêtes, s’est substituée l’envie d’être le plus éloigné possible. Beaucoup de facteurs y concourent, du développement technologique à l’instinct de survie. Au XXIe siècle l’homme est devenu plus qu’un loup pour l’homme, tout en devenant paradoxalement plus civilisé. Le frère qui incarnait l’amour dans le temps, et auprès de qui on sentait en sécurité, est devenu l’objet de toutes les suspicions, une menace. A sa vue on développe automatiquement un réflexe d’auto défense, on se sentirait mieux si l’on était le plus loin possible de lui, aller loin dans la société, est devenu synonyme d’éloignement de la famille et des proches, même des intimes d’enfance. A l’aube de la nouvelle année, notre souhait est que chacun réalise à quel point les relations humaines sont devenues froides, intéressées, conditionnées, à quel point l’homme est devenu capable de vendre l’homme, sacrifier toutes relations pour les biens matériels et le pouvoir, notre souhait est que chacun fasse sienne ce dicton du dramaturge irlandais Georges Bernard Shaw : « dans la vie il y des gens qui regardent les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi, il y en a qui les imaginent telles qu’elles devraient être et se disent : pourquoi pas.»
Excellente fin d’année à tous.
Aux Etats Unis par exemple, pays auquel le Cameroun n’a rien à envier pour ce qui est des talents musicaux, les droits des artistes sont tellement protégés et encadrés que même après le décès, une compagne qui a passé quelques années avec l’artiste peut réclamer et obtenir sa quotte part sur les droits d’une œuvre créé alors que les deux étaient ensemble. Parce qu’elle aurait d’une manière ou d’une autre contribué à la création de cette œuvre, en inspirant un mot, une phrase, une tournure, un coup de pinceau ou même seulement en restant couchée dans le canapé pendant que l’artiste travaillait. Par ailleurs les œuvres sont minutieusement conservés pour servir non seulement de patrimoine national en la matière, mais aussi faire l’objet d’études et d’inspiration pour les générations à venir. Toutes ces mesures permettent de rendre l’artiste immortel. Au Cameroun on se débrouille plutôt pour que les talents s’éteignent, que les artistes soient les plus mortels possible et rentrent dans l’oubli au plus vite. Que reste-t-il de Manu Dibango, y a –t-il un musée à Douala ou à Yaoundé où l’on peut aller revisiter les œuvres de l’homme dont la notoriété n’est pas contestable ? Et s’il en est ainsi des aînés, qu’en sera-t-il des cadets ? Penda Dallé le 26 décembre 2022, Djené Djento le 14 décembre 2022 ; Ekambi Brillant le 12 décembre de la même année, ce sont les lampions de la musique camerounaise qui s’éteignent progressivement, sans que rien ne garantisse leur survie, au-delà de leurs tombes.
Les religions abrahamiques (judaïsme, christianisme, Islam) sont des traditions des peuples judéo-chrétiens et arabo-musulmans construites à partir de leurs propres réalités ; Ces religions ont été exportées vers la terre africaine dans un but de domination politique, économique et culturelle. C’est pourquoi les contenus de leurs livres dits saints ou sacrés, qui portent les empreintes de leurs traditions et des milieux de vie qui les ont générés, ont été interprétés pour servir leurs intérêts ; 11. Chaque peuple a découvert ou inventé sa façon de croire ou d’agir dans son environnement, ces systèmes ont évolué par le phénomène d’acculturation, mais l’identité culturelle et religieuse des peuples doit être rigoureusement respectée ; 12. Le prosélytisme religieux assorti d’un marketing médiatique devenu nauséabond qui caractérise les lunatiques des religions étrangères en Afrique est une pratique que ma religion traditionnelle ne connaît pas. Elle est celle qui se pratique au village, dans chaque concession, parfois en communauté, sans nuire au voisin. Et aucune concession n’a jamais demandé de l’argent au voisin pour construire sa case sacrée. 13. Ma religion et ma culture traditionnelle, malgré 400 ans d’esclavage et 200 ans de colonisation et de néocolonialisation résistent aux cultures et aux religions étrangères.
La situation peut ainsi se résumer : en Chine on ne fête pas Noël, on en tire les bénéfices. Pendant que les camerounais se tuent à dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas pour des pacotilles qui deviendront encombrant deux jours après, en chine on se frotte les mains, on engrange les bénéfices pour un noël qu’on ne célèbre même pas ici. L’Empire du milieu se fait ainsi des milliards d’années en années sur l’incrédulité des Africains, et pour revenir leur prêter un peu d’argent. Pendant qu’en Occident, en Afrique, au Cameroun on boit, mange et danse à l’occasion de Noël, en Chine les usines tournent 24h sur 24h. Et le lendemain on se réveillera surpris qu’elle soit devenue la première puissance économique du monde, elle sera même taxée d’envahissante. Que gagne le pays économiquement, aux sortir des fêtes de fin d’années, c’est la question que se posent les dirigeants d’un pays comme la Chine. Quoique n’étant concerné ni de par ses traditions ni de par la religion, elle a fait de noël une opportunité économique. Au final, même la famille la plus pauvre au Cameroun ou au bout de la planète se débrouille pour donner de l’argent à la Chine, en achetant la guirlande même la plus moins chère. Cet argent va en Chine, ou à l’extérieur dans tous les cas pour celui qui n’a acheté qu’un kilogramme de riz. On fête ici, pour le bénéfice des autres.
C’est ici que se trouve le piège dans lequel l’Afrique s’est laissé prendre. Cet effort pour perpétuer la tradition chrétienne se fait au détriment des traditions africaines. Si ailleurs certains pays se battent pour garder leurs fêtes traditionnelles à eux, comme les carnavals au Brésil, d’autres pays par contre en Afrique n’ont aucune fête nationale dont le rôle est de perpétuer une tradition. Au Cameroun par exemple, les efforts communautaires dans ce sens existent, mais restent submergés. Le fils Sawa, jeune ou adulte, connaît et accorde plus d’importance à Noël qu’au Ngondo, le fils Bamendjou se fait prier pour avoir une oreille attentive au festival culturel Shepang, là où toute l’attention est captivée par la tradition juive incarnée dans le fête de Noël. A la faveur de cette fête de Noël, des jours supplémentaires de d’arrêt de travail sont même décrétés par les Etats, alors qu’aucune fête traditionnelle locale ne peut bénéficier de tant de largesses. Il est dès lors évident que l’ascendance du christianisme sur les religions africaines ne fait aucun doute, et la menace de les faire disparaître persiste.
« Révérends Pères et mes Chers Compatriotes, la tâche qui vous est confiée est très délicate à remplir et demande du tact. Prêtres, vous allez certes pour l’évangélisation, mais cette évangélisation doit s’inspirer avant tout des intérêts de la Belgique. Le but principal de votre mission au Congo n’est donc point d’apprendre aux Nègres à connaître Dieu, car ils le connaissent déjà. Ils parlent et se soumettent à un mundi, un mungu, un diakomba et que sais-je encore ; ils savent que tuer, voler, coucher avec la femme d’autrui, calomnier et injurier est mauvais. Ayons donc le courage de l’avouer. Vous n’irez donc pas leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle essentiel est de faciliter leur tâche aux Administratifs et aux Industriels. C’est dire donc que vous interpréterez l’Évangile d’une façon qui serve à mieux protéger nos intérêts dans cette partie du monde. Pour ce faire, vous veillerez entre autres à désintéresser nos sauvages des richesses dont regorgent leurs sols et sous-sol, pour éviter qu’ils s’y intéressent, qu’ils ne nous fassent pas une concurrence meurtrière et rêvent un jour de nous déloger. Votre connaissance de l’Évangile vous permettra de trouver facilement des textes recommandant aux fidèles d’aimer la pauvreté, tel par exemple : « heureux les pauvres car le royaume des cieux est à eux. Il est difficile au riche d’entrer au ciel ». Vous ferez tout pour que les Nègres aient peur de s’enrichir pour mériter le ciel.
Quand se pose la question de la nécessité en droit, la réponse a tendance à revenir sur un fait longtemps établi. C’est que « nécessité fait loi »…L’entrée de ce proverbe dans la sphère juridique provient d’une affaire de vol qui défraya la chronique au XIX e siècle avec la fameuse affaire Louise Ménard. Il s’agissait d’une mère de famille accusée d’avoir volé un pain et qui avait finalement été acquittée parce que son vol avait été dans un état de nécessité…, (elle avait passé 36 heures sans manger) …Dans ce cas, l’état de nécessité permet-il de passer outre les obligations relatives à la protection des droits de l’homme ? Qui est le juge de la nécessité ? La nécessité suscite ainsi une certaine obligation de déroger dans le but de protéger, voire de mieux assumer ses responsabilités, que ce soit de la part d’un parent ou d’un gouvernement. De ce fait, nécessité et droit n’entretiennent pas des relations d’inclusion, car l’un implique la dérogation, voire l’exclusion au profit de l’autre. En droit public, l’état de nécessité a trait à des situations où les pouvoirs publics doivent momentanément s’affranchir de la légalité ordinaire. Cette théorie en droit public est ancienne, et a constitué une source de justifications de certaines actions posées par les autorités publiques. Deux conditions sont nécessaires pour que l’état de nécessité soit admis : l’existence d’un danger et l’existence d’un acte justifié. Le danger ne doit pas seulement être probable, il doit être réel. L’acte de sauvegarde doit à son tour non seulement être nécessaire, mais doit aussi être proportionné au danger. Il ne doit pas y avoir de meilleure solution, pour éviter le danger, que de commettre l’infraction. Ce qui est sacrifié doit donc être inférieur ou égal à ce qui est sauvegardé, sinon l’acte n’est pas justifié. »
Sorti des toilettes, la propreté intérieure des services publics est loin d’être un exemple, en commençant par l’aspect extérieur de certains bâtiments administratifs. Les murs sont défraichis depuis des années, la peinture ayant laissé place à d’énormes traits de moisissures et d’algues qui poussent, certaines plaques d’indication du service sont illisibles ou noyées dans la broussaille. Inutile de préciser que ces administrations bénéficient des budgets d’entretien chaque année. En période de fin d’année, on assiste souvent dans les entreprises privées à un nettoyage de fond, une reconfiguration de l’espace suivie des décorations circonstancielles, assorties des félicitations et remerciements des usagers par l’offre des gadgets ou des bonbons disposés dans un panier ou accrochés à un arbre de Noel. Mais même en cette période de fêtes, pareille préparation et accueil est rare dans les services publics, les services financés par l’Etat.
On compte également beaucoup sur les conditions physiques, matérielles et leur influence sur le mental et la moralité. C’est un aspect prépondérant de l’initiative pour la construction des logements ouvriers, il faut désormais créer un espace tel qu’il modifie les comportements, éduque, serve d’exemple. De même qu’il est rappelé que l’ordre et la propreté domestiques sont le reflet de la moralité, de la capacité, de l’honnêteté. L’adage dit « l’intérieur de la femme parle d’elle » : le désordre, la saleté et la négligence sont associés à la dépravation, à l’immoralité et à l’irresponsabilité. Au contraire, la tenue exemplaire du ménage est signe de bonheur, de prospérité, de sécurité, et même d’amour ! La santé est protégée, la moralité est sauve. Plus encore, l’humeur, l’énergie jusqu’à la productivité sont conditionnées par la propreté. « L’individu qui s’est lavé, qui s’est débarbouillé, marche d’un pas alerte, le visage frais, l’esprit disponible et peut très réellement produire mieux… et plus vite. »
Conséquence, l’espace public réservé pour accueillir les ordures est indéfiniment extensible. On vit avec telle mentalité tout le long de l’année, durant des années, et subitement on veut faire la propreté circonstancielle de fin d’année, une propreté à laquelle on ne croit pas. Dans la plus part des études et analyses où on parle d’hygiène urbaine, on a tendance à se focaliser sur les tas d’immondices qui prennent du volume le long des rues, situation souvent aggravée quand l’entreprise en charge de la collecte des ordures attrape la grippe à la suite d’un retard de paiement. Les villes deviennent de vastes poubelles, parce que le citoyen lui-même a une gestion catastrophique de l’ordure, ces immondices ne se forment pas seuls, mais bien par les hommes. L’assertion biblique selon laquelle il y a un temps pour tout, un temps pour pleurer et un temps pour rire, ne s’applique pas à l’hygiène et la salubrité. Il n’y a pas un temps pour être sale et un temps pour faire la propreté.