Rentrée scolaire 2022 : le flou persiste

Le bras de fer est donc relancé : d’un côté un gouvernement pour qui tous les problèmes ont été solutionnés, de l’autre des enseignants pour qui les instructions du Chef de l’Etat n’ont pas été exécutées. Qui croire ? Toujours est-il que le gouvernement devrait se rendre à l’évidence que l’éducation a été pendant longtemps le laisser pour compte, à tous les niveaux.

Figure : Charles Assalé, l’opposant et le pouvoir

« Si j’ai aujourd’hui la responsabilité du ministère des Finances, écrit-il à ses nouveaux amis du RM en mai 1958, je le dois entièrement à mon propre changement d’attitude envers mon adversaire politique, M. Ahidjo. […] Je lui ai demandé pardon. » Le 19 septembre 1958, moins d’une semaine après la mort de son ancien camarade Um Nyobè, Assalé oppose, dans une nouvelle lettre à ses mentors américains, « les divisions et la haine entre Camerounais » semées par Mpodol à « cette fleur, qui embaume déjà l’univers de son odeur céleste à savoir le réarmement moral», dont il espère la « victoire finale ». Le réalisme politique dont a fait preuve Charles Assalé en rejoignant le pouvoir colonial, et dont certains s’inspirent encore aujourd’hui, aurait-il été bénéfique pour lui-même ou pour la nation, seule l’histoire… jugera

Afrique : les vestiges de Berlin

L’une des solutions est proposée par Benoit B. Bouato, auteur de l’ouvrage L’Afrique confisquée ou De l’urgence d’une contre-conférence de Berlin, qui a fait l’objet d’une conférence le 20 juillet 2022 à Yaoundé, organisée par le Centre international de recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines (Cerdotola). L’auteur soutient que l’Afrique, malgré la décolonisation et les indépendances, est toujours sous le joug des colons, et plaide pour l’organisation d’une autre conférence sur le continent africain, avec les Africains réunis pour discuter de l’avenir du continent et explorer les pistes de solutions visant à recoller les morceaux de cette Afrique qui a été dépecée en 1884 et 1885 lors de la conférence de Berlin. L’Afrique, qui a été sédimentée et transformée en micros Etats, devrait se réunir pour faire tomber les frontières héritées de la colonisation et entretenues par le néocolonialisme. Un énième appel à l’auto-conscientisation de l’Afrique, comme le soutenait Jean Emmanuel Pondi pour qui : « le développement de l’Afrique doit être fait par des Africains… et contre personne».

Figure : Pierre Yem Mback, l’ombre de Um Nyobé

Immédiatement, le guide, Luc Makon, « aperçoit […] Um Nyobè, qu’il désigne au sous-officier africain. Mais, à la vue des forces de l’ordre, Um Nyobè et les siens prennent la fuite ». Après une course poursuite de 200 mètres, poursuit Rigal, « le sous-officier ouvre alors le feu au pistolet-mitrailleur et blesse mortellement Um Nyobè, dont les compagnons, parmi lesquels Yem Mback Pierre, chef du SA/BL (secrétaire administratif du bureau des liaisons), sont également atteints par le tir des autres soldats africains » Les deux versions concordent sur un point : Pierre Yem Mback est mort en martyr, en servant de bouclier à Um Nyobé dont il était presque l’ombre. Nationaliste convaincu, il avait consigné dans l’un de ses écrits « tant que l’indépendance n’est pas acquise, aucune mort ne peut permettre aux colonialistes de croiser leurs pieds.»

Education : établissements clandestins comme un serpent de mer

Autorisation gouvernementale ou pas, les classes se tiennent, les enfants suivent les cours de niveaux en niveaux. Une fois arrivés en classe d’examen, l’astuce est toute trouvée, la sous-traitance des candidats. La ruse consiste pour les établissements clandestins, de faire présenter leurs élèves à l’examen officiel par un établissement reconnu. Les élèves brillants passeront leurs examens parfois avec brio, le jury ne va pas vérifier si cet enfant a suivi un parcours scolaire dans un établissement clandestin ou pas. La nature a horreur du vide, la mauvaise herbe pousse dans un champ abandonné. Si le gouvernement respectait lui-même la carte scolaire qu’il s’est prescrite, en l’actualisant chaque année en en fonction de la poussée démographique, les établissements clandestins trouveront sans doute moins d’espace pour s’installer, étant directement concurrencés par une école primaire publique… ou un lycée.

Education : OTS et le double langage du gouvernement

Le temps leur a donné raison. Le temps de la trêve, alors que le gouvernement devait le mettre à profit pour trouver des solutions définitives à des problèmes qui n’auraient jamais dû exister, rien ne semble avoir été fait, si les enseignants ont renouvelé le préavis de grève pour le 5 septembre 2022, date prévue pour la rentrée scolaire. Par contre, dans l’intervalle, le ministre des Enseignements secondaires avait instruit aux délégués régionaux de son ministère, de transmettre à leur hiérarchie avant le 5 mai la liste des grévistes, qui selon elle, avaient en observant le mot d’ordre, manqué à l’obligation de servir, de se consacrer au service, et à l’obligation de réserve et d’obéissance. Oubliant que la grève était la conséquence du manquement en amont par le gouvernement lui-même… de ses propres devoirs.

Infrastructures : moins de 8% de route bitumée au Cameroun

Ce qui est constant c’est qu’il y a manifestement une manipulation des chiffres pour ce qui de l’entretien des routes au Cameroun. Présenter un bon bilan politique, ou pour justifier les chiffres en milliards ? Toujours est-il qu’au fin fond du pays, les populations souffrent de l’absence des routes et du mauvais état de ce qui existe, et les 5% de route bitumé au Cameroun, non seulement est un chiffre de la honte, mais un arbre qui cache la forêt de la misère routière

Insécurité routière : le mal se porte bien

Face au grand mal qu’est l’insécurité routière, le ministre des transports n’est qu’un infirmier, aux côtés des autres infirmiers que sont le ministre des finances à travers ses services de douanes, le Délégué général à sûreté nationale, le Secrétaire d’Etat à la gendarmerie, le ministre du travail et de la sécurité sociale et le ministre des Travaux publics. Les actions isolées comme les opérations coup de point de la prévention routière ne serviront jamais qu’à délester les automobilistes malchanceux de quelques billets de comptoir français d’Afrique ou cfa. Sans une synergie d’action de tous les infirmiers, le mal se portera toujours… bien !