Avec du recul, des questions se posent : Monseigneur Thomas Mongo pouvait-il mener sa mission en toute impartialité, sans être influencé par un sentiment de redevabilité envers le colon qui ne devait pas être étranger à sa promotion au sein de l’église ? Le choix porté sur lui pour mener cette médiation n’était-il pas bien calculé, Pierre Messmer caressant le secret espoir que le médiateur, au cours de cette mission, ne devait pas oublier qui était son véritable bienfaiteur et se débrouiller pour que les choses tournent à son avantage ? Le prélat n’aurait-il pas aussi été utilisé comme un gage de « bonne foi » que le colon voulait montrer à la communauté internationale, pour légitimer par la suite la décision d’éliminer le nationaliste ? Monseigneur Thomas Mongo est mort le 17 mars 1988 à Log-Bikoy, emportant avec lui secret de ces questionnements, mais il reste dans la guerre de l’indépendance du Cameroun, celui qui peut à juste titre, pour ce qui est de la survie de Ruben Um Nyobé, être qualifié de négociateur… de la dernière chance.
Les députés à l’Assemblée nationale peuvent d’ailleurs se permettre du libertinage lors des sessions, du moment où ils n’ont aucune obligation de compte rendu. Combien parmi les 180 députés disposent de cabinets parlementaires, combien parmi eux tiennent des réunions avec les populations une fois rentrés des sessions, pour leur expliquer ce qui a été fait pour elles à l’Assemblée. Autant de préoccupations qui amènent à se poser deux questions essentielles : Qui devient député au Cameroun, et comment le devient-il ? Trouver de bonnes réponses à ces questions est désormais crucial pour les prochaines échéances, si tant est que les Camerounais peuvent un jour compter sur les députés pour l’élaboration des bonnes lois, et un véritable contrôle de l’action gouvernementale.
S’agissant du volet spécifique de la maturation des projets, le ministère de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire a élaboré au moins depuis 2010 un « manuel de référence des normes de maturation des projets d’investissement public au Cameroun » dont la dernière version date de 2017. Mais les délais de livraison des chantiers ne sont pour autant pas devenus moins élastiques. Le 22 février 2022, le président sénégalais Macky Sall a inauguré le Stade Abdoulaye Wade d’une capacité de 50 000 places, dont la première pierre avait été posée deux ans plus tôt, le 20 février 2020. En 18 mois réglés comme une horloge, les clés du stade ont été remises et on est passé à autre chose. Au Cameroun, cela relève d’un rêve, et on en est à se demander si la mise en route des projets n’est finalement pas une astuce pour endetter davantage le pays, et permettre aux gestionnaires de s’engraisser au passage…
De la rupture avec l’establishment, Le Sdf est passé par l’usure du temps et de la politique. Aujourd’hui il arrive à la fracture. Le parti aurait-il bouclé son cycle de vie ? Et si oui quelle est la suite ? Va-t-il céder la place à une autre organisation qui va arriver, se jouer du peuple, ramasser les prébendes et faire son deuil à son tour, ou va-t-il renaître de ses cendres, pour l’honneur de ce peuple qui, il y a longtemps avait placé ses espoirs en lui ? Autrement il ne restera plus à ce peuple qu’à dire avec l’artiste ivoirien Tiken Nja Fakoly : « Allez dire aux hommes politiques qu’ils enlèvent nos noms dans leur business, On a tout compris. »
A qui d’autre, plus qu’aux Africains, l’injonction « connais-toi toi-même » s’adresse-t-elle, avec autant de véracité aujourd’hui ? Pourquoi le m’as-tu vu africain consiste plutôt à vouloir ressembler aux autres, que de faire voir ses propres cultures et valeurs, pourquoi le vin sorti des vignes de Bordeaux est plus célébré par le Camerounais que celui tiré des raphias de Babadjou ? En plus, dans cette tendance à embrasser les choses des autres en dénigrant lui-même les siennes, l’Africain croit être civilisé, être un savant. Mais Socrate dans sa pensée, était arrivé à conclure : « Ceux qu’on vante le plus me satisfont le moins, et ceux dont personne ne fait cas – c’est-à-dire les simples, les artisans – je les trouve beaucoup plus près de la sagesse »
président du Directoire de l’opposition qui mène un combat pour la conférence nationale souveraine, mais il subit des coups tant de l’intérieur du parti que de l’ensemble de l’opposition, et n’est pas épargné par le pouvoir. Dans le parti, le secrétaire général réclamait la suprématie, au sein de l’opposition il est suspendu de la Coordination après une réunion de l’instance à Bamenda dont le lieu lui avait été caché, et au cours de laquelle il avait été accusé d’avoir pris une enveloppe du pouvoir. Lequel pouvoir a fait encercler son palais pendant un mois, le soupçonnant de cacher des armes, a bloqué son salaire et l’a expulsé de sa maison de fonction à Yaoundé après une marche de l’opposition. Il meurt le 21 juillet 1995. Si ses objectifs politiques n’ont pas été atteints, il lui subsiste au moins la science. D’après le journaliste Edouard Kingue, avec le nyambéisme, Dika Akwa ou colonel Diabobe demeure l’un des rares Sawa et camerounais qui a honoré la mémoire de ses ancêtres et rendu sa fierté aux Akwa-Bonaku de la grande Famille Bonambela, en bâtissant le célèbre Mukanda, plus connu sous le nom de ‘château Dika Akwa’, une œuvre aux mille symboles qui font remonter l’histoire du duala jusqu’à l’Egypte
Le corps de la justice au Cameroun est constamment cité par les institutions nationales et internationales de lutte contre la corruption, comme faisant partie du peloton de tête des plus affectés par le fléau. Si l’on oriente le plus souvent le regard sur les magistrats, on tend à oublier qu’il n’y a pas de corrompu sans corrupteur, et les personnes intermédiaires entre les justiciables et les magistrats, ce sont les avocats. Par voie de conséquence, si les magistrats sont pointés comme les plus corrompus, cela induit que les avocats sont les plus grands corrupteurs, les porteurs de mallettes, comme le dénoncent certains. Et comme on ne peut nourrir l’enfant sans se sucer le doigt selon l’ordre naturel des choses, il va de soi que le porteur de mallette se fait des commissions au passage, en plus des honoraires.
Cette sortie du Secrétaire général de la présidence de la république, est un aveu de perte de confiance : la présidence de la république ne fait plus confiance aux dirigeants des entreprises et établissements publics dans la mise en pratique de la politique de l’équilibre régionale. Mais une question subsiste : le mal ne vient-il pas du sommet ? Quelle logique avait guidé il y a 14 ans l’admission des candidats à l’Ens de Maroua ? Et pour le cas des entreprises publiques la nomination des dirigeants eux-mêmes respecte-t-elle ces quotas, Et sinon, une fois en poste, n’est-il pas normal que la même logique qui a guidé leurs nominations soit appliquée dans le choix du personnel ? Pourquoi s’attendre à ce que la poule produise les œufs du canard ?
Les résultats obtenus au concours d’entrée en 6eme en zone rural, n’est pas signe que les enfants des villages ne sont bon à rien, c’est simplement un message que la jeunesse envoie aux dirigeants enfermés dans le système colonialiste, un message de rejet de ce système d’éducation dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Il est fort à parier que si ces enfants étaient évalués en technique de chasse ou d’agriculture, ils auraient les meilleures notes. Et ils ne demandent que cela. Il suffira de remplacer les lycées d’enseignement général par les lycées de chasse, de pêches, ou d’agriculture, et ils feront le plein d’œufs. Vouloir à tout prix forcer les enfants à adopter un système éducatif qu’ils ne veulent pas, c’est tuer davantage cette jeunesse. 1,3/20 n’est pas une mauvaise note, ça dépend de ce sur quoi l’enfant est évalué, et c’est même un exploit à bien y voir, car on ne peut pas évaluer un poisson sur sa capacité à grimper un arbre.
Cette ordonnance a été abrogée par la loi n°90/046 du 19 décembre 1990, mais la subversion a été subtilement remplacée dans les lois par le mot « ordre public », prétexte légal, tout comme le mot subversion, pour museler toute opposition au régime. Il n’y a qu’à voir le nombre de prisonniers politiques et d’opinion dans les geôles camerounaises, il n’y a qu’à voir l’énergie mise pour réprimer toute manifestation de rue, pour comprendre que le régime s’est simplement perpétué, et qu’entre « subversion » et « ordre public », ce n’est qu’une question de sémantique, et d’époque.