Il ne faut donc pas confondre la longévité d’une personne au pouvoir à la conservation du pouvoir par un parti politique. C’est pourquoi, même dans le cas de la limitation des mandats, le président sortant se bat toujours pour que son parti, après lui, conserve toujours le pouvoir. L’actualité de l’heure, dans l’une des plus vieilles démocraties, en est une parfaite illustration. Par ailleurs, un parti démocratique, dans sa vie quotidienne, ainsi que dans ses propres projections, doit toujours tenir compte de l’environnement local, régional et mondial. » Son discours à la tribune du grand dialogue le 30 septembre 2019 appelant à une alternance au sommet de l’Etat, n’était qu’une suite logique des idées de l’homme que 29 ans de règne à la tête de l’une des plus puissantes chefferies traditionnelles du Cameroun, avait contribué à assagir davantage. L’homme qui s’est éteint le 27 septembre 2021, avait constamment la main sur le visage en posture de réflexion, incarnant définitivement l’adage qui dit « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. »
tous les camerounais pensaient, à son époque, que l’UNC ne survivrait pas au président Ahidjo. Mais ce parti est devenu le RDPC, il est vrai en perdant en chemin les hauts dignitaires tels que Bello Bouba et autres. Mais l’essentiel était sauf, d’ailleurs ces personnes ont aidé le régime RDPC à survivre dans les années 90 voire à garder le pouvoir. Elles sont ses plus grands alliés. Je pense que le moment venu et face à la peur de tout perdre, les tenants du pouvoir actuel vont se résoudre à préserver l’essentiel.
Et pendant que le processus traine, les maladies n’attendent pas, les populations n’ont pas de choix que d’aller dans la rue chercher de quoi se soigner ou de quoi s’empoisonner, les pharmaciens se plaignent, et ce même gouvernement menace. Il est évident que le médicament de la rue prospère parce qu’il y a preneur, et le preneur est celui qui n’a pas les moyens d’aller suivre une consultation normale, se soumettre aux examens médicaux et payer les frais d’hospitalisation et les soins. La couverture santé universelle serait sans doute une des solutions, si jamais elle cessait de faire l’objet des discours, pour véritablement exister.
En attendant que les pourfendeurs de ce parti prouvent que ce sont des anti patriotes de l’opposition qui ont infiltré leurs rangs pour causer autant de désordre et ternir leur image, force est de constater d’ici là, que le parti des flammes… porte bien son nom
Et juste après les évènements qui ont précipité la descente des membres du gouvernement, l’ancien sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique, Tibor Naguy avait posté sur son compte twitter ; “Tellement désolé de voir la violence accrue dans le conflit anglophone du Cameroun. J’ai prévenu pendant des années que s’il n’était pas résolu, le conflit deviendrait plus meurtrier et se propagerait. Il n’y a pas de solution militaire. Ce qui est dans l’esprit humain ne peut pas être éteint par la force »
S’il ne dépendait que de Martin Mbarga Nguelé, la police camerounaise devrait à ce jour être l’une des plus civilisées et humanistes du continent, mais tout ne dépend pas toujours de lui. Il reste cependant dans la chaussure de ce plus haut gradé et le plus âgé à la fonction la plus élevée, le caillou de la carte nationale d’identité dont la production dans un délai raisonnable reste une enquête non bouclée
Mais une fois de plus, le comportement de la police en surface n’est que la partie visible de l’iceberg, le mal est plus profond qu’on ne peut le penser. D’abord parce que le réflexe à la particularité de ne pas être réfléchi, il est automatique et répond à une programmation. Les policiers qui frappent et infligent des tortures aux suspects ne se rendent parfois pas compte qu’ils sont en train de le faire, c’est comme l’œil qui se ferme automatiquement à l’approche d’un danger ou comme le doigt qui rejaillit au contact d’une eau chaude. C’est dire qu’au plan primaire , l’instruction et la formation des forces de l’ordre devrait travailler à déconstruire ce réflexe de violence et de torture chez l’homme en tenue.
En 2008 les manifestations de rue ont même été violemment réprimées pour une énième modification, qui faisait sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Si la Constitution peut être modifiée pour supprimer la limitation des mandats présidentiels, au risque de faire des morts et des prisonniers, pourquoi ne le serait-elle pas pour revoir la forme de l’Etat en sauvant des vies au passage ? Pourquoi les gens meurent dans la crise anglophone, cela vaut-il vraiment la peine ? Tous les tenants du pouvoir de Yaoundé devraient se poser cette question, dans le secret et le silence de leurs chambres.
Les négociations pour revenir à la paix en Colombie ont commencé à Oslo en Norvège, un peu comme on avait annoncé en 2019 des négociations en Suisse pour le cas du Cameroun. Mais les différentes parties sont rapidement rentrées dans leurs égos, le pouvoir dans sa fierté et les séparatistes dans leurs suffisances. On n’en a plus jamais entendu parler. Deux ans après les soldats continuent de mourir, même les véhicules blindés n’arrivent plus à les protéger. Ne pourrait-on pas économiser tous ces morts, en discutant ? Ou faut-il à tout prix atteindre un certain nombre, si oui, à qui profite tous ces morts ? Des fois le Pouvoir peut regarder dans la nature et tirer des leçons : le roseau plie, mais ne rompt pas
on dirait que cette corvée imposée à chaque fois par les inondations est finalement ce qui rythme l’existence de ces populations et lui en donne un sens. Elles ont presqu’intégré les va-et-vient des eaux et les souffrances qu’elles endurent, autant en conclure aussi qu’elles en sont heureuses. Parce que dans l’absolu rien ne les oblige à rester là, et en attendant une hypothétique intervention des pouvoirs publics, elles devraient elles-mêmes faire quelque chose. Un adage dit, « aide-toi, le ciel t’aidera.