Mais qui aurait peur du rapport, au point d’évoquer la raison d’Etat pour retarder sa présentation devant le Parlement ? C’est le lieu de se demander aussi avec l’analyste Sylvie Mullie si « la raison d’État, dès lors qu’elle ne prétend même plus être au seul service de la sauvegarde de l’intégrité d’une nation, d’une république ou encore de l’ensemble de ses citoyens, est-elle véritablement fondée ? »
Et ce cas d’organisation mafieuse pour siphonner les caisses de l’Etat n’est qu’un parmi tant d’autres. L’Etat camerounais est dans un gouffre financier, comme le rappelle les rapports du Fond monétaire international, une situation hélas entretenue par de nombreuses niches de prédation logées dans les administrations, où volontairement on néglige d’appliquer des textes qui pourrait faire quelques économies. Décidément !
Le combat pour la valorisation de la fille est loin d’avoir commencé, avec l’histoire de la reine de l’indépendance. Depuis l’aube des temps, la jeune fille est utilisée comme un pot de fleur sans lequel le décor ne sera pas parfait, mais qui est abandonné sur le lieu des festivités parce que devenu inutile, alors que les autres acteurs rentrent dans l’histoire, on ne parle plus que d’eux. Le phénomène est davantage accentué au Cameroun où le pouvoir n’a pas développé la culture des archives et la célébration des héros. Mais il n’est pas tard. De même que les héros de l’indépendance, même ceux qui étaient considérés à l’époque comme des ennemies ont bénéficié d’une loi de réhabilitation, les héroïnes de la scène des cérémonies peuvent aussi avoir droit à un peu d’égard.
Une preuve de plus que les administrateurs camerounais vivent dans un autre Cameroun, fait de luxe et de satisfactions permanentes, où on ne connaît pas le prix de la tomate au marché et où on prend le carburant à la pompe avec des bons sans se soucier du prix du litre, un Cameroun de la bourgeoisie qu’ils présentent comme un paradis, alors que les populations vivent dans un autre Cameroun avec ses lots de souffrances quotidiennes. Au même moment où les gouverneurs des régions s’accordaient pour dire que tout va bien, six fonctionnaires, représentant cinq ministères de la république étaient kidnappés dans un village dans l’arrondissement de Ekondo Titi, et l’un d’eux a été exécuté deux jours plus tard.
L’enlèvement des 6 fonctionnaires de Ndian, qui en plus, est opéré dans le département d’origine du Premier ministre, est plus qu’un affront de la part des forces séparatistes, c’est une manière de narguer le pouvoir de Yaoundé, une façon de dire que les discours rassurants du ministre de Yaoundé n’engagent que ceux qui y croient, la réalité de terrain étant autre. Mais dans cette guerre d’égo, doit-on continuer à sacrifier la vie des fonctionnaires, qui ne demandent qu’à servir ? Si l’Etat est incapable d’assurer la sécurité des fonctionnaires dans les zones anglophones, autant ne plus endeuiller des familles.
Quoi qu’il en soit l’accident de la falaise de Dschang interpelle une fois de plus, plus que jamais, l’administration camerounaise des transports. L’infrastructure routière est déjà un facteur d’aggravation des accidents, quand on y ajoute l’état des véhicules, surtout ceux qui font le transport de masse, tous les ingrédients sont réunis pour que prendre la route au Cameroun soit synonyme de prendre un ticket pour un saut dans l’incertitude. Un accident n’est jamais un fait du hasard, c’est toujours la combinaison de plusieurs négligences, à chaque maillon de la chaine de prendre ses responsabilités
Que lui reprochait-on en réalité ? Juste d’oser penser le bien-être des Ivoiriens et lutter pour une indépendance véritable de l’Afrique. Ils lui reprochaient la même chose qu’à Thomas Sankara au Burkina Faso, qu’a Mohammar Khadafi en Libye pour ne citer que ces derniers. Leur crime commun étant de combattre l’impérialisme et de vouloir donner plus d’autonomie à l’Africain, lui permettre de vivre de ses ressources et éviter que les richesses du sol africain ne soient plus pillées dans le sang et la douleur des Africains. Pour cela il fallait les mettre hors d’état de nuire. Mais comme dit un adage, « il y a des moments dans la vie où on est appelé à courir, même si l’on n’a rien à rattraper. Mais quelle que soit la vitesse de notre course, la vérité finira toujours par nous rattraper. » Le retour libre de Gbagbo est la preuve qu’il y a de l’espoir pour l’Afrique.
Au moment où il lançait ces alertes répétées, la crise anglophone n’avait pas atteint la phase actuelle, où des cadavres sont devenus des trophées. Quand les armes ont commencé à crépiter, il a continué à appeler à la discussion, jusqu’à ses 94 ans. Il est mort le 26 mai 2020 dans une clinique à Douala, toujours convaincu que le problème anglophone trouvera une solution par la force de l’argument, et non l’argument de la force, qui n’est dans le fond que l’expression d’une certaine faiblesse, pour ne pas dire d’une faiblesse certaine…des arguments
Les dirigeants camerounais eux aussi, peuvent mettre de l’énergie, pas à ce que les populations se gavent les organismes des produits extérieurs dont elles ne connaissent rien de la composition, mais pour encourager les solutions locales, car elles existent et font leur preuve, quand on veut bien leur en donner l’occasion. Avec les vaccins des laboratoires occidentaux, sur le plan sanitaire le camerounais n’est sûr de rien, économiquement il ne gagne rien. Pour qui vivons-nous alors ?
On aura beau ne pas vouloir accepter, ce qui se passe actuellement nous ramène fatalement à cet extrait de la bible, dans le livre de Révélation chapitre 13, verset 16 à 18 : « …et l’image se mit à parler et elle faisait mourir ceux qui refusaient de l’adorer. Elle amena tous les hommes, gens du peuple et grands personnages, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, à se faire marquer d’un signe sur la main droite ou sur le front. Et personne ne pouvait acheter ou vendre sans porter ce signe : soit le nom de la bête, soit le nombre correspondant à son nom. C’est ici qu’il faut de la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d’un homme, c’est : six cent soixante-six. »