Le quartier Nylon à Bafoussam reste l’un des souvenirs anecdotique qui renvoie à ce jeune ingénieur visionnaire. Dans son plan de restructuration, il procède au lotissement de ce quartier, et le tracé qui est fait des routes et la disposition des habitations ressemblent pour les populations locales à un tissu nylon, qui en devient le nom de baptême. En tant que délégué provincial, il implémente sa vision dans les départements aussi, on lui attribue la conception et la construction outre de l’hôpital régional de Bafoussam, celui de district de Dschang et de Foumban entre autres. Comme disent les témoins de l’époque, il a vulgarisé le génie civil alors considéré comme une profession d’intellectuels, il l’a appris même aux analphabètes.
C’est parce qu’en aval les distributeurs de la rue se multiplient et mènent leurs activités en toute quiétude, qu’en amont le trafic se porte bien. C’est comme la drogue, avec les fournisseurs et les dealers, couvert par des parrains anonymes. Si cela avait été interdit et sévèrement puni le phénomène n’aurait pas prospéré, et on n’aurait sans doute pas eu ce camion transportant du carburant de contrebande qui a rencontré le chemin du bus. Une fois de plus, le drame de Dschang n’est pas un accident, il est la conséquence d’une succession de négligences humaines. La conséquence est d’autant plus désastreuse que cette fois où les corps ont fini calcinés, augmentant à la douleur des familles qui non seulement ont perdu des proches, mais devront souffrir encore de ne pas les enterrer dignement. Un refus de faire son travail, une négligence aussi petite soit-elle peut avoir des conséquences désastreuses. Le drame de Dschang en est encore une parfaite illustration, qui interpelle, encore et encore.
Son constat était aussi une interpellation, un appel à la prise de conscience, de ce que ce qui se voit en surface, sur les cheveux des femmes ou sur leur modes vestimentaires, n’est que le reflet d’une société qui s’est reniée entièrement tout en s’oubliant aussi, en embrassant aveuglement une culture étrangère, qu’on ne porte même plus seulement dans la tête…mais aussi sur la tête.
Que sont devenues les solutions locales ? Au lieu d’ouvrir les frontières une fois de plus pour déverser au Cameroun des substances dont personne ne connait la composition, et qui sont contestées ailleurs comme contenant des micro particules qui permettront de contrôler l’être humain, le Cameroun ne peut-il pas aussi sur ce coup avoir un sursaut d’orgueil et faire confiance à la recherche locale qui, quoiqu’on dise aura permis au pays d’être l’un des plus résistants jusqu’ici
Les administrateurs civils ne représentent ainsi qu’une infime partie d’un système, et leurs actes correspondent aux missions qui leur sont confiées aujourd’hui comme hier, selon le sacro-saint principe de la loyauté. Ils ne représentent, eux, que la partie visible de l’iceberg, la plus importante partie, celle qui fait couler le bateau Titanic et brise les rêves étant bien en place, à savoir le système.
Seul regret dans la vie de cet homme, c’est qu’il n’aura pas su partir. Après 29 ans de règne à la tête de la Caf, l’on aurait souhaité qu’il ne se représente plus pour un nouveau mandat, mais il confirma sa candidature en 2017 et fut battu par le malgache Ahmad Ahmad, connaissant finalement une sortie peu glorieuse. Mais cela n’entacha en rien le travail abattu et le combat mené pour la reconnaissance du football africain dans les instances mondiales. Le titre de président d’honneur de la Caf n’arrive que pour le concrétise
Au niveau de la gouvernance, l’instauration de l’article 66 de la constitution sur la déclaration des biens a plutôt donné un coup d’accélérateur à la corruption au lieu de la freiner. Trois ans après l’adoption de cette loi, le Cameroun était classé premier pays au monde de la corruption pendant deux années consécutives. Les années suivantes ont confirmé ce classement. Aujourd’hui tout un gouvernement est en prison pour détournement des deniers publics, corruption et autres, les fonctionnaires sont devenus plus riches que les hommes d’affaires, la corruption en somme est devenu un mode de vie. Aucun gestionnaire de la fortune publique, aucun élu, aucun ministre, même pas le président de la république n’a jamais déclaré ses biens à la prise de fonction, et aucun n’est prêt à le faire.
Le mensonge peut prendre l’ascenseur, bénéficier de la bénédiction des personnes les plus haut placées et les plus insoupçonnées, la vérité elle, emprunte l’escalier mais arrive toujours, et parfois quand on l’attend le moins. « Ô Cameroun berceau de nos ancêtres, Va debout et jaloux de ta liberté. Comme un soleil ton drapeau fier doit être », voilà les premières phrases de l’hymne national du Cameroun. La fierté est l’un des caractères qui fondent la nation camerounaise, et elle ne devrait pas être constamment mise à mal par certains, pour des intérêts égoïstes.
Au demeurant, la région du Sud présentée comme privilégiée dans la répartition du budget, peut en réalité n’être qu’une victime, où des projets inscrits au budget sont plutôt des maquillages pour sécuriser des sommes d’argent à récupérer par d’autres moyens, en l’absence du contrôle par les populations pas toujours au courant de ce qui est prévu. On se rappelle encore le paradoxe du pays organisateur de feu Charles Ateba Yene, qui décrivait la région du Sud comme la plus sous développée du pays alors qu’en surface elle bénéficie de tous les avantages, même celle des plus grosses enveloppes budgétaires, sauf qu’on ne sait pas toujours où cet argent va finalement
Dans un contexte de décentralisation, qui, de celui qui a été élu par les populations à la base pour implémenter le développement, et de celui, très lointain, nommé par le président de la république et connaissant très peu sur les réalités locales, devrait décider ? En réalité le problème ne se poserait pas si on laissait de côté le pouvoir pour se concentrer sur le bien-être des populations. C’est une question d’objectif et de vision. Elu ou nommé, si la vision est la même, il y aurait moins de frictions. Les autorités administratives, traditionnelles et municipales sont toutes au service du peuple, un même service. Et dans un même service, il n’y a pas obligation de s’aimer, mais il y a obligation de travailler ensemble